Les nouvelles de septembre

Everything with wings is restless

Septembre était, comme tous les ans, le mois du doute. C'est le pire mois à mes yeux — avec janvier, évidemment. D'un coup j'ai l'impression que je dois tout savoir, planifier, avoir des "projets" à la pelle, commencer une détox de jus vert. Étant la drama queen que je suis, j'ai beaucoup écrit sur le fait d'arrêter d'écrire (ne cherchez pas à comprendre) tout en écoutant Joanna Newsom et en me disant "en même temps le monde court à sa perte, ressers-toi donc du crumble aux pommes". En définitive, je n'ai pas arrêté d'écrire mais j'aime l'idée de ce divorce possible, de tester ce qu’il fait naître en moi. Peut-être que comme dans les relations, on est ensemble en conscience mais rien n'est jamais fait, n'est jamais gagné (commençant This is Us, j'ai pleuré quand Jack dit à sa femme qu'après avoir merdé, il lui promet d'être un "12" pour elle)(12/10, si c'était sur 20 ce ne serait pas une promesse qui me fait pleurer).

Et puis au-delà des doutes, septembre a existé pour ces moments qui semblent toujours tellement plus attrayants que le travail : discuter autour de cafés, voir des films en technicolor, manger des gâteaux, passer du temps avec des copin·es. Écouter de la musique dans le train et penser à ces films qu'on ne tournera jamais. Glisser l'aiguille dans la nouvelle pièce de broderie encore vierge et se dire que tout est encore possible, le beau comme le très moche. Lire des livres qui changent tout et d'autres qui ne font rien mais ce n'est pas tellement grave non plus. Écouter des autrices parler de leur travail et voir où c'est pareil et où c'est différent. Écouter 10 versions différentes de "You Made Me Love You" (comme toujours, c'est Aretha Franklin qui la chante le mieux). Dessiner (mal) et rire. Et surtout ma chose préférée : rentrer à la maison.

Ce que j’ai fait en septembre :

📖 J’ai continué la promo de mon livre avec une très chouette rencontre à Lyon, invitée par le Female Gaze Book Club, on a parlé d’amitié et on a échangé sur plein de sujets : réévaluer les séries du passé, les teen movies, et j’ai cité trop de fois Broad City comme à chaque fois. J’ai aussi répondu à une interview pour L’éclaireur. À lire ici !

👯‍♀️ Le 5 octobre je serai à Tours pour discuter avec la scénariste Lucie Fréjaville dans le cadre du podcast Outrages. Ce sera à 18h au cinémas Studio. Si vous êtes à Tours, eh bien venez ?

📚 J’ai interviewé deux autrices géniales pour la newsletter de La ville brûle ces deux derniers mois : Louise Mey et Ariane Lessard. Je vous conseille de lire leurs romans (L’orage qui vient et École pour filles) et leurs recommandations de lectures qui m’ont donné plein d’envies. Deux romans parfaits pour l’automne, eh oui.

✌️ J'ai repris un peu mon blog ce mois-ci. J'ai écrit un texte sur une lecture croisée de Qui sait de Pauline Delabroy-Allard et de la série The Rehearsal de Nathan Fielder. Ça parlait aussi d'arrêter d'écrire, comme je le disais précédemment. Par là !

Et j'ai aussi écrit une lettre d'amour à Joanna Newsom, et quelques mots sur Alice Zeniter et sur d'autres choses vues et lues, par ici !

À voir / à lire / à écouter :

📸 J'ai fait une petite pause d’Instagram ces derniers temps et pour me conforter dans mes choix de vie j’ai regardé ce documentaire diffusé sur Arte qui ma foi était assez intéressant même si j’aurais aimé qu’il développe certains aspects plus en profondeur. Mais bon, après avoir vu IRL plusieurs personnes très chouettes rencontrées sur les réseaux, ai-je vraiment le droit de râler ?

👯‍♀️ En ce moment je regarde la série Everything I know about love de Dolly Alderton (merci Manon !). J’ai une relation un peu compliquée avec cette série, notamment à cause de son personnage principal, mais elle m’a aussi replongée presque malgré moi dans une époque de ma vie, notamment par le biais de la garde-robe. Un article à lire sur ce sujet par ici !

🧜‍♀️ Wow, je ne pensais pas pouvoir utiliser l’emoji sirène un jour dans cette newsletter, heureusement que Catherine Ocelot a écrit cette petite BD que j’ai absolument adorée. Je l’aime trop, c’est comme ça. À lire sur Instagram !

En bref :

J'ai commencé à regarder This is Us, six ans après tout le monde. Cette série me démolit complètement, c'est presque un exercice masochiste tant elle appuie sur des sujets sensibles et rend tous ses personnages douloureusement humains. J'étais toute seule chez moi avec mon chat sur les genoux quand j'ai regardé l'épisode 5 de la saison 1 dans lequel l'un des frères, Kevin (jusqu'ici pas le couteau le plus affûté du tiroir) essaie de rattraper le tir avec ses nièces à qui il a expliqué avec beaucoup de sang froid que leur parents allaient mourir un jour. Il va donc dans leur chambre avec une peinture qu'il leur décortique en donnant au passage sa vision de la vie et de la mort. Et c'est tellement plein de doute, sensible, doux que j'ai pleuré à chaudes larmes. En roulant avec une amie nous nous disions à quel point le temps qui passe est une douleur. Et paradoxalement, je trouve que c’est un bonheur infini quand la fiction réussit à capturer avec des mots aussi simples autant de petites et grandes vérités sur cette expérience étrange et collective d'être en vie (sûrement la raison pour laquelle je suis incapable d'arrêter d'écrire, car je vise exactement cette douce simplicité). Bref, je ne regrette pas de m'être lancée dans cette aventure, même si je pense que je ne suis (vraiment) pas au bout de mes paquets de mouchoir.

🥁 J’ai aussi vu Bell, book and candle, un film vraiment mignon (et un peu triste aussi) et l’une de ses qualités principales est son second rôle joué par Jack Lemmon. Je me souviens très bien de la première fois que j’ai vu Some Like It Hot et de l’amour immédiat que j’ai ressenti pour cet acteur. Je range Daphne/Jerry aux côtés de Cosmo Brown dans la catégorie des seconds rôles magnifiques. Et Jack Lemmon a, depuis, toute mon affection.

🎧 J’en ai parlé partout mais quand même, ce mois-ci j’ai beaucoup (vraiment beaucoup) écouté A Little Touch of Schmilsson in the Night, un album de reprises de standards enregistré par Harry Nilsson en 1973. C’est pour moi le disque parfait pour se glisser dans l’automne puis dans l’hiver, et je suis sûre qu’au printemps je l’écouterai toujours en boucle.

On se laisse avec un petit extrait de Toute une moitié du monde d’Alice Zeniter (éditions Flammarion) :

Je sais que, parce que j’ignore le minutage de tant d’autres existences et la matière réelle de leurs jours, je peux leur faire du tort : acquiescer à une critique qui les vise, ne pas me sentir touchée par un projet de loin qui les contraint… Je sais aussi que je n’aurais pas le temps, même si c’était mon but, de les rencontrer tous et toutes, d’apprendre de leur bouche, par leur fréquentation régulière. Alors je lis pour décloisonner. Je lis pour “abolir le scandale qui consiste à n’avoir qu’une seule vie”, pour reprendre la belle expression de Vincent Message.

Passez un bon mois d’octobre ! 🎃