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Les nouvelles de juillet
On nage on ne pense à rien
Et bien nous y voilà, j’ai tenu cette newsletter plus de six mois. Au début, elle devait être rapide, un petit condensé d’auto-promo, et puis elle a migré vers autre chose et c’est tant mieux. Elle m’a échappée, comme tout le reste. Si vous avez des remarques ou autre n’hésitez pas à répondre à ce mail pour m’en faire part !
Je suis au bord du précipice, deux jours avant les vacances, j’essaie d’extraire ce qu’il reste de moi pour terminer ce mois. Juillet avait comme un avant-goût des vacances : voir des vieux films, faire des pique-niques, conduire jusqu’à Crozon en écoutant un best-of des Cure, manger des viennoiseries sous le cerisier. Et se baigner, mais surtout flotter à la surface. Dans l’eau fraîche de la Bretagne, je chante toujours Peggy de Bertrand Belin, l’une des plus belles chansons au monde. Récemment, elle a fait écho à mon revisionnage du sublime A Star is Born de George Cukor, cette scène où Norman Maine écoute la voix de celle qu’il aime, les vagues se reflétant dans la porte-fenêtre derrière lui. Comme sa dernière scène de cinéma. Peggy parle de la mort, mais pourtant elle me réconforte, un peu comme le visage de James Mason / Norman Maine dans cette dernière séquence que je trouve toujours éblouissante. Chaque chose à sa place. Alors je la chantonne encore et encore, les cheveux caressés par l’eau salée.
Ce mois-ci j’ai tenté de m’échapper, d’ailleurs c’était le sujet d’un article que je n’ai pas eu le temps d’écrire. Faire une ferme virtuelle à Stardew Valley et donner des noms débiles à mes animaux. Lire les aventures d’Anne de Green Gables de Lucy Maud Montgomery et retrouver un peu d’optimisme et d’idéalisme au milieu du chaos. Rattraper chaque petite miette d’espoir dans l’histoire de cette orpheline accro à la beauté. Partir, au moins dans sa tête.
On nage, on ne pense à rien.
Ce que j’ai fait en juillet :
📚 Et bien pas grand chose ma foi ! Enfin si, plein de choses, mais rien de montrable. Cela dit, j’ai été interviewée par Émilie Gavoille pour Télérama, on a parlé de mon livre et d’amitié et ça a donné trois pages que vous pouvez lire en ligne ou dans le numéro en kiosque !
🎧 Le podcast de la librairie l’Affranchie est aussi sorti si vous voulez m’entendre parler et faire des blagues. C’est une captation de la rencontre avec la libraire Soazic Courbet et c’était vraiment un super moment, vive Lille.
💘 Mon livre a aussi été cité dans la super newsletter de Sorocité et j’en profite pour vous inviter à vous abonner !
🔥 Ce mois-ci dans la newsletter de Women Who Do Stuff on a donné la parole aux auteurices de l’ouvrage Écrire à l’encre violette (éditions Le Cavalier Bleu). Plein de recommandations de littérature lesbienne pour cet été (ou pour après, je ne vous commande pas). À relire par là !
📽 Je crois avoir oublié d’en parler mais j’ai aussi signé deux articles dans le numéro 2 de la revue Sorociné : un petit portrait de ma reine Greta Gerwig et une interview de la maquilleuse Ve Neill (Beetlejuice, Mrs Doubtfire…) qui était tellement sympa. Il est trouvable en ligne par ici !
À voir / à lire / à écouter :
🎶 Le nouvel album de Nina Nastasia, que j’attendais depuis une dizaine d’années, est sorti cette semaine. C’est un disque d’une beauté évidente et un peu douloureuse. J’ai beaucoup aimé cette critique de The Quietus qui résume bien le contexte très difficile du disque et qui explique bien aussi toutes ses qualités. Moi je vous conseille d’écouter The Two of Us au casque et de vous laisser happer par sa voix incroyable.
🍰 Je ne finis jamais d’être exaspérée par le retard de la France sur le véganisme, mais j’ai aimé cet article du Guardian sur la (petite) tendance de la pâtisserie végétale ! J’imaginais un croissant vegan en haut de la Tour Eiffel chanter “If I can make it theeere I can make it anywheeere”.
💃 J’ai bien aimé cet article de Jeanne Frommer sur le film Someone Great, très envie de voir le film maintenant. Et je vous vois venir, ce n’est pas du tout parce que je suis citée dans cet article aux côtés des Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy !!!
💸 Si vous avez des thunes, un lieu autogéré à Brest cherche des financements. J’ai été 100% convaincue par leurs arguments. On donne par là !
📚 Pour des reco littéraires de qualité, Hélène Pagesy a lancé la newsletter participative la Bibliotrice. Des idées de lectures (de romans écrits par des femmes) autour d’un thème et qui arrivent directement dans votre boîte aux lettres. Que demander de plus ?
📓 J’ai aussi lu le court manifeste d’Élodie-Aude Arnolin (La Booktillaise sur les réseaux) Un livre pour faire la différence sur les enjeux de diversité en littérature. Si vous vous intéressez à ces questions (et vous devriez), foncez, tout est très bien expliqué avec beaucoup d’exemples. Il est dispo via la maison d’édition associative Tirage de Têtes.
En bref :
🤩 J’étais restée un peu sur ma faim avec la saison 1, mais j’ai adoré la saison 2 de Hacks qui raconte l’histoire de deux femmes très différentes mais toutes les deux bardées de défauts et qui se retrouvent à travailler sur un spectacle de stand-up ensemble. Cette saison 2 est super drôle mais elle aborde aussi toutes les thématiques de la saison 1 plus en profondeur : les clash entre deux générations de féministes, les défauts de ses protagonistes, la richesse, le vieillissement, la cruauté du milieu. Elles sont un peu détestables mais je les adore.
🎬 Aussi adoré Meet John Doe de Frank Capra qui, malheureusement, fait toujours écho à notre société contemporaine. Je l’ai vraiment lu en parallèle d’un autre film qui raconte le populisme et le besoin de se créer des héros, A Face in the Crowd d’Elia Kazan. Mais c’est aussi presque drôle de voir comment deux réalisateurs peuvent aborder cette thématique avec idéalisme ou avec cynisme. Mais les deux sont super, je recommande.
👄 Méga crush du mois pour Ida Lupino que j’ai vue dans deux films de Raoul Walsh, The Man I Love et High Sierra. Gros TW stéréotypes racistes sur ce dernier. Cependant, la scène finale est l’une des plus belles que j’ai pu voir ces dernières années. Lupino a profité de ces tournages pour apprendre la réalisation auprès de Walsh. Il ne me reste plus maintenant qu’à voir ses films.
📺 Je regarde aussi en ce moment la série Pachinko sur Apple TV, une saga adaptée du roman de Min Jin Lee qui se déroule entre le Japon et la Corée et raconte les aventures de quatre générations d’hommes et de femmes. Ça m’a fait pleurer plus d’une fois, ça parle de filiation, des lieux où l’on se sent chez soi ou non, de migration, de racisme aussi, de réussite. Quand l’héroïne Sunja arrive au Japon, elle sait qu’elle ne verra plus jamais ses proches, restés en Corée. Quand sa belle-sœur lave par accident le vêtement sur lequel il restait un peu de l’odeur de sa mère, elle fond en larmes. Cette scène est tellement simple et d’une force émotionnelle telle, que j’ai eu toutes les poussières du monde dans l’œil. Je pensais à ce châle posé dans mon bureau qui sent encore l’odeur de ma grand-mère. Jusqu’à quand ?
Et cette semaine on se laisse avec un extrait de Tea Rooms de Luisa Carnés (trad. Michelle Ortuno) publié aux ed. La Contre Allée (le texte original est paru en 1934) — que je vous recommande chaleureusement, merci maman de me l’avoir prêté :
Dans les pays capitalistes et en particulier en Espagne, il existe un dilemme, un dilemme difficile à résoudre : choisir le foyer, par l’intermédiaire du mariage, ou l’usine, l’atelier et le bureau. L’obligation de contribuer à vie au plaisir de l’autre, ou la soumission absolue au patron ou au supérieur immédiat. D’une façon ou d’une autre, l’humiliation, la soumission au mari ou au maître spoliateur. Est-ce que cela ne revient pas exactement au même ?
Je ferai peut-être une pause de la newsletter en août, rien n’est décidé. D’ici-là, passez un bon été !