Des nouvelles en attendant l'été

With the world far away

Des nouvelles en attendant l’été

Image de “Kaili Blues” de Bi Gan

Salut la compagnie !

J’ai décidé de mettre la newsletter en pause cet été. J’aime bien être ponctuelle et sérieuse avec ce format comme si ma vie en dépendait, mais j’ai cumulé pas mal de fatigue et de découragement ces derniers temps et je sens que j’ai besoin de remettre tout à plat pour retrouver mon enthousiasme qui s’est un peu émoussé et pour avoir le temps et l’espace d’écrire d’autres choses. Je vais donc faire un break ici et sur les réseaux, mais vous pouvez évidemment toujours m’envoyer des petits mots par mail en répondant directement à la newsletter (ou à mon adresse mail principale qui est très facile à trouver !). Ça me fait toujours plaisir d’échanger !

Comme je ne voulais pas vous laisser dans les bras de l’été sans un mot, j’ai préparé au fil du mois de juin cette newsletter un peu fourre-tout qui mêle mes joies récentes et à venir.

Pour les deux prochains mois je vous souhaite des pique-niques, d’écouter Jonathan Richman qui chante “That Summer Feeling” avec le soleil qui vous caresse la peau, des lectures dans l’herbe, des karaokés sur de vieilles chansons italiennes, de sentir le temps qui s’écoule un tout petit plus lentement. Et de garder les yeux grands ouverts sur le monde qui nous entoure, toujours.

Et je ne doute pas que l’on se retrouvera à la rentrée, j’aurai beaucoup de romans très beaux, très forts, parfois très drôles à vous recommander ! Comme quoi l’enthousiasme n’est jamais bien loin, il suffit de tendre la main pour l’effleurer du bout des doigts.

Take care !

Image de l’épisode 8 de la saison 3 de Twin Peaks

🌲 (Re)voir Twin Peaks

Depuis la mort de David Lynch et ma lecture du passionnant essai de Louise Van Brabant Laura Palmer : au pays des miroirs, j’avais en projet de revoir Twin Peaks. Comme l’été est la saison parfaite pour un rewatch, me voilà embarquée dans cette aventure et c’est un réel plaisir de retrouver Dale Cooper, dont l’enthousiasme légendaire ravive le mien, qui comme je le disais en préambule est un peu en berne ces derniers temps. J’aime toujours autant le voir s’extasier devant un arbre, une part de tarte ou une tasse de café.

Je repense beaucoup à l’été 2017, pendant lequel nous regardions The Return (la saison 3 de Twin Peaks). Chaque épisode était un événement et chaque plan était décortiqué sur Twitter dès le lendemain de la diffusion. Je me souviens du sentiment étrange et inquiétant qui me traversait quand nous lancions l’épisode du jour, volets fermés et lumières éteintes au cœur de l’été caniculaire. Et je me rappelle surtout d’avoir écouté My prayer des Platters (présente dans une scène magnifique du fameux épisode 8) en boucle pendant des semaines et des semaines jusqu’à l’écœurement.

🎧 Découvrir mes nouvelles chansons préférées

J’adore cette sensation très particulière de tomber amoureuse d’une chanson. De savoir presque dès les premières notes que je vais l’écouter encore et encore, en écrivant, en marchant, dans le train, partout. C’est comme parler pour la première fois à une personne dont on espère qu’iel va devenir un·e ami·e. J’ai fait le plein de ces petits coups de foudre récemment, assez pour m’accompagner pour l’été. En ce moment, j’écoute en boucle l’album de la chanteuse Anastasia Coope Darning Woman, c’est un disque un peu bizarre comme je les aime (qui me fait un peu penser à Jessica Pratt), plein de voix qui se répondent et de petites évidences pop. Une sorte de balade dans une forêt enchantée ou hantée — ça dépend de mon humeur. Ce morceau-là, par exemple, est une merveille. Merci Olivier de lui avoir permis de rencontrer mes oreilles.

Mon ami Boris m’a parlé d’un projet de Mica Levi que je ne connaissais pas, Good Sad Happy Bad, et j’ai immédiatement écouté et adoré leur album All kinds of days. La première fois que j’ai entendu la chanson Irresistible, j’ai ressenti ce petit rush d’euphorie merveilleux, et j’ai su que je l’aimerai pour la vie, que je la relancerai dans cinq ans ou dans dix ans après l’avoir oubliée pendant un temps et que je serai aussi extatique que Dale Cooper devant sa tasse de café. Le repeat one, comme beaucoup de plaisirs simples de l’existence, est gratuit !

📺 Regarder des documentaires sur Arte

Ces dernières semaines j’ai pas mal travaillé, et dès que j’estimais avoir assez avancé je me récompensais en m’accordant 52 minutes de broderie avec un documentaire sur une célébrité trouvé sur le catalogue d’Arte : Marilyn Monroe, Frank Sinatra, Tom Cruise, Robert De Niro... Chacun·e ses joies, on ne juge pas.

J’ai particulièrement aimé le documentaire de Thomas Boujut sur Bruce Springsteen, un chanteur que je connais pourtant vraiment très mal. Pendant des années, je n’ai su citer de son catalogue que la chanson “Born in the USA”. C’était avant que j’entende par hasard “Fire”, qui est devenue l’une de ces chansons problématiques que j’adore hurler au karaoké. Bref, récemment je me suis mise à écouter Springsteen sporadiquement (ce que j’explique par l’approche de la crise de la quarantaine ou par une daronnite-sans-enfants aiguë) et à l’apprécier. J’ai donc beaucoup aimé ce documentaire d’Arte qui retrace sa carrière et ses engagements, et dans lequel il apparaît furieusement sympathique. Il donne vraiment à voir l’artiste, le musicien et le citoyen, le tout sur fond de politique américaine.

📚 Lire pour moi

Depuis quelques semaines, je suis en marathon de lecture pour la rentrée littéraire, une période stimulante et intense mais aussi un peu fatigante. J’accumule sur un coin de mon bureau les livres que j’ai envie de lire “pour moi”. Les deux dernières sorties des éditions La Fourmi, par exemple (La graine et Juste une dent en or), qui me font de l’œil depuis quelques semaines et que j’ai hâte de dévorer ou le roman d’Alex Ratcharge Raccourci vers nulle part (éditions Tusitala) que j’ai commandé à ma libraire et que je n’ai pas eu le temps d’ouvrir. Mais aussi Au nom du pire de Pascal Bertin, sorti en juin aux éditions le Gospel (where else ?), qui retrace l’itinéraire de l’une de mes idoles, David Berman, chanteur de Silver Jews et de Purple Mountains. J’ai passé mes années de fac à noircir mes carnets de ses mots (”Sometimes I feel like I’m watching the world, but the world isn’t watching me back”, “I’ll make a career out of writing sad songs and getting paid by the tear”, “I am the trick my mother played on the world” et mille autres). Il fait partie de ces artistes qui m’ont aidée à devenir une adulte — ou à rester une éternelle adolescente, qui sait. Après la séparation de Silver Jews et un concert merveilleux et caniculaire au Point Éphémère en 2009, j’ai attendu le retour de Berman comme on guette l’appel d’un vieil ami, je demandais régulièrement de ses nouvelles sur Twitter, sans attendre aucune réponse. C’est le seul artiste dont la mort m’a arraché des larmes, et je pense que ça restera comme ça (vous pouvez screener ça pour le futur car j’imagine que je mens). Bref, je suis très contente qu’un livre sur lui paraisse et je suis très impatiente de m’y plonger.

J’ai aussi reçu le livre d’Hendi Bicaise sur Seinfeld (Seinfeld : fini de rire), paru aux éditions Playlist Society, dont l’angle me paraît hyper intéressant (analyser la noirceur et les angoisses très présentes dans la série) et que j’ai très hâte de lire allongée dans l’herbe. J’ai aussi commencé en avril Le temps où nous chantions de Richard Powers (en me disant “j’aurai le temps de finir ce pavé de 1000 pages avant qu’on attaque la rentrée littéraire”, complètement delulu). Vivement les vacances, en somme.

💖 Retrouver mon blog comme si on était en 2006

Ces dernières semaines (ces derniers mois ?) j’avais mis mon blog en pause, parce que Tumblr m’énervait et devenait inaccessible pour les personnes qui n’avaient pas de compte (et qui a un compte sur Tumblr en 2025 à part moi ?). J’avais aussi de plus en plus envie de reprendre la main sur mes écrits. Grâce à Olivier j’ai maintenant un blog tout neuf, 100% à moi, avec toutes les archives des douze dernières années. Je n’ai jamais arrêté d’aimer ce format que je trouve très libre, beaucoup plus satisfaisant et durable que d’écrire 2000 signes sur Instagram. J’aime bien voir mon écriture changer et mes obsessions perdurer. Donc voilà je le sauvegarde comme je peux et devrai le mettre à jour plus régulièrement ces prochains mois car pour moi le blog ne mourra jamais. Vous pouvez mettre à jour vos flux RSS !

Un voyage en train dans Kaili Blues de Bi Gan

🕰 Me réconcilier avec le temps qui passe

Les avis dithyrambiques sur Résurrection de Bi Gan, projeté pendant le Festival de Cannes, m’ont donné envie de découvrir Kaili Blues dont j’avais beaucoup entendu parler. C’est un film magnifique, très contemplatif, qui contient un long plan séquence fascinant et forme comme une boucle entêtante. Je n’ai pas envie de vous gâcher le film, mais la dernière scène est ce que j’ai vu de plus beau récemment et pendant un instant j’ai eu l’impression qu’il était possible de remonter le temps, simplement en se racontant des histoires et en arpentant ses souvenirs. Je me suis dit que ce film, qui raconte simultanément le passé et le présent, capturait quelque chose de l’été, ce moment où le temps passe étrangement plus doucement, où les souvenirs sont aussi plus vifs. Donc je me souhaite de retourner le sablier. Et je vous souhaite à vous de découvrir Kaili Blues et de l’adorer à votre tour.

🎧 Écouter des podcasts

Je prends assez peu le temps pendant l’année d’écouter des podcasts, notamment parce que j’écoute de la musique presque tout le temps. Et quand je n’écoute pas de musique, c’est que je suis en train de regarder un documentaire sur Frank Sinatra, de faire un créneau ou de chercher une phrase qui a glissé entre mes doigts. Je vais donc essayer d’y remédier cet été et me faire tous les Book Clubs de Marie Richeux que j’ai laissé filer. J’ai aussi commencé — et envie de terminer — cette série imaginée par Giulia Foïs sur le rapport au corps. Les personnes interrogées lui envoient des vocaux qu’elle monte ensuite, ça donne quelque chose de très intime et émouvant. Je vous recommande notamment le premier épisode avec Lou Trotignon.

J’en profite pour vous dire que la première saison du podcast L’huile sur le feu, que j’ai lancé avec mon amie Ambre en août dernier, est officiellement terminé ! On avait prévu un dernier épisode avant la pause estivale, mais on a eu un souci technique et on a décidé que c’était un signe de l’univers pour nous dire de ne pas nous acharner. Quelle joie ça a été de faire ça toute l’année. Vous pouvez tous les écouter ici !

Et c’est ainsi que s’achève cette newsletter de l’été ! Je vous laisse avec ce morceau incroyable et oserais-je ajouter… Irrésistible ?

See you on the other side !