Les nouvelles de novembre

Looking for a better place

Sonny & the Sunsets est un groupe de San Francisco que j'écoute depuis leurs débuts en 2009. J'aime leurs chansons narratives qui racontent souvent des histoires un peu bizarres dans lesquelles je me reconnais pourtant. Par exemple, j'adore leur chanson Green Blood, construite comme un dialogue entre deux ami·es. L'un des deux raconte son histoire d'amour impossible avec une extra-terrestre. C'est un morceau assez absurde et un peu drôle mais qui m'émeut sincèrement à chaque fois que je l'écoute. Je me souviens très bien de l'avoir entendu dans ma playlist le soir de mon mariage et d'avoir eu envie de pleurer simplement car Sonny y chantait "I think I love you, dear". C'est une drôle de vie de se reconnaître dans des chansons d'amour sur des extra-terrestres. C’est ma vie.

Ces deux derniers mois, j'ai passé beaucoup de temps à écouter des chansons en boucle dans mon casque, c'est l'un de mes remèdes (peu efficace) contre l'anxiété. J'ai écouté l'élan plein d'espoir de Better place de Poppy Fusée, le piano galopant de Montauk de Rufus Wainwright, les harmonies déchirantes de Everything that Rises de Sufjan Stevens (et si je suis honnête, j’ai aussi beaucoup écouté How soon is now des Smiths, je blâme The Killer de Fincher, du moins la partie du film devant laquelle je n’ai pas dormi)(*mic drop*).

Et j'ai donc écouté le nouvel album de Sonny and the Sunsets. Sur ce disque, il y a une chanson simple et merveilleuse qui s'appelle How To Make a Ceramic Dog et qui raconte — comme son titre l'indique — comment fabriquer un chien en céramique ("try not to think about politics, try not to think about fascists, just think about DOGS"). Cette chanson ne résout rien mais je trouve qu'elle rend le monde un tout petit peu plus beau pendant 2mn49.

Et malheureusement, je n'ai pas mieux à vous proposer en ce moment.

Ce que j’ai fait en novembre :

📚 J’ai écrit des choses dans les Inrocks, par exemple une critique du très beau roman d’Elisa Shua Dusapin Le vieil incendie paru aux éditions Zoé, que j’ai rattrapé tardivement. J’ai aussi parlé du premier livre de Meg Remy (chanteuse d’U.S Girls) que j’ai aimé également et qui est sorti aux éditions Premier Parallèle (dans une traduction de Cécile Dutheil de La Rochère).

👽 Sur mon blog j’ai tenté une lecture croisée de Monica de Daniel Clowes (que j’ai lu en anglais mais qui est dispo en français chez Delcourt, traduit par Jacques Binsztok) et d'Asteroid City de Wes Anderson, c’est disponible par ici par là.

🐭 Sur mon blog aussi j’ai posté deux textes (initialement partagés sur Instagram) sur le passionnant essai de Célia Sauvage sur Disney-Pixar (paru aux éditions Daronnes) et sur le concert d’Etienne Daho à Brest.

Sur cette capture d'écran on voit Tim Robinson regardant dans le vide avec un sourire forcé. Les sous-titres disent "When you think you're gonna get eaten and your first thought is, "great, I don't have to go to work tomorrow."

À voir / à lire / à écouter :

👩‍💻 Ces derniers temps, comme beaucoup de gens, j’ai déserté Twitter et je n’ai pas trouvé de remplaçant satisfaisant à la timeline que j’avais réussi à construire là-bas, mélange d’analyses politiques, de blagues et de reco culturelles chouettes. J’ai bien aimé cet article de Wired qui analyse un peu tout ça et dépasse largement mes pensées fouillies sur le sujet.

🎤 J’ai lu un peu par hasard un article de Mathieu Deslandes qui décortique les relations houleuses entre Jean-Jacques Goldman et les journalistes français, et je ne pensais pas qu’il me passionnerait à ce point (c’est pourtant souvent le cas des articles de la Revue des Médias de l’INA). Il dit beaucoup de choses sur la relation entre artistes et journalistes et sur la presse culturelle en général. À lire ici !

🎹 Dans sa newsletter, Manon / Cebe Barnes a commencé à partager les chapitres d’un projet passionnant dans lequel elle décortique son rapport à la musique. Ça paraît toutes les deux semaines, c’est super bien écrit, super intéressant, ça aide à réfléchir sur la naissance de nos goûts (et de nos mépris aussi). Vous pouvez vous abonner par là !

✍️ Je me suis aussi abonnée à tchik tchak, la newsletter de la scénariste Pauline Mauroux, qui donne plein de conseils d’écriture très précieux. Tout est expliqué avec beaucoup de pédagogie (et d’humour, aussi). Très recommandé si vous êtes scénariste, auteurice ou que vous avez simplement envie de comprendre comment ça marche la fiction. On s’abonne ici !

🎧 En ce moment, j’écoute le Book Club de France Culture, qui est présenté depuis la rentrée par la meilleure intervieweuse de France (Marie Richeux !). Ça parle des habitudes de lectures des auteurices et ça plonge en profondeur dans leurs œuvres. Je conseille particulièrement les épisodes avec Chloé Delaume, avec Neige Sinno et avec Hélène Frappat (qui m’a fait acheter son passionnant livre sur le gaslighting)

💖 J’ai beaucoup aimé cette longue interview de Daniel Clowes dans The Comics Journal dans laquelle il revient longuement sur Monica et plus largement sur son processus artistique. L’interview donne des pistes de lectures pour comprendre sa dernière BD et donne vraiment envie de la relire plusieurs fois (mais relire plusieurs fois un livre ces temps-ci relève pour moi de la science-fiction).

🙇‍♀️ L’amitié à l’âge adulte est un sujet qui continue de me travailler — garder ses ami·es malgré la distance, s’en faire des nouvelles (ce qui pour moi ces deux dernières années n’a vraiment pas été une mince affaire). J’ai beaucoup aimé cet article écrit par Adrien Durand et publié sur le Gospel qui parle, justement, des amitiés à l’âge adulte, de celles qui s’étiolent et de celles qu’il faut savoir ne pas raviver. Ça se lit ici !

📝 J’ai commencé en octobre à animer des ateliers d’écriture, ce qui m’a amenée à lire une série d’articles du Guardian qui date de 2010 et qui relaie des conseils d’auteurices à destination des gens qui écrivent. J’ai adoré les découvrir — en trouver certains bizarres ou absurdes et en adopter d’autres. J’ai rigolé en lisant celui de Richard Ford : “Marry somebody you love and who thinks you being a writer's a good idea” et je me suis dit que je devrais surtout essayer de suivre celui de Neil Gaiman “Finish what you're writing. Whatever you have to do to finish it, finish it.” Vous pouvez lire tout ça par ici.

En bref :

🌊 J’ai rattrapé en novembre (sur Disney+) le film de Guillermo Del Toro La forme de l’eau que j’ai vraiment aimé alors que je n’en attendais rien. L’intention de ce film m’a vraiment émue dans sa simplicité. Et puis je ne pouvais pas ne pas l’aimer vu les efforts déployés par Guillermo Del Toro pour me plaire : les références à la comédie musicale, les claquettes, l’histoire d’amour. Allez Guillermo, tu m’as eue.

🎣 Sur Criterion, j’ai rattrapé un film d’Howard Hawks que je ne connaissais pas, Le sport favori de l’homme. Là encore, bon bingo de choses que j’aime : Rock Hudson, la screwball comedy, la formidable Paula Prentiss (dans le rôle de l’éternelle meuf quirky), un ours qui fait de la moto et un lit qui flotte. On peut même y lire, si on a envie, une critique de tout ce qu’on laisse passer aux hommes incompétents. Un bon remède à la mélancolie.

🍑 Sur Amazon Prime j’ai aussi regardé Bottoms de la réalisatrice Emma Seligman (dont j’avais déjà aimé le premier film Shiva Baby, j’en avais parlé ici) que j’ai trouvé drôle et débile, et une parodie bienvenue des récits d’empowerment. Le film raconte l’histoire de deux copines lesbiennes qui montent un fight club au sein de leur lycée dans le but de séduire deux pom pom girls et de perdre leur virginité. Il y a quelques très bonnes blagues autour du féminisme et les deux actrices (Ayo Edebiri et Rachel Sennott) sont excellentes. Et puis il me semble que ça vient continuer la revanche des loseuses commencée avec la géniale série PEN15 que je ne me lasserai jamais (JAMAIS) de vous recommander. Ça me touche particulièrement cause I was (and still am) a loser bb.

✨ J’ai aussi regardé la dernière saison de Starstruck, la série de Rose Matafeo, toujours très bien écrite, pleine de douceur, de mélancolie et qui était à mes yeux un très beau commentaire sur les choix difficiles de la trentaine (et sur l’amitié ! Tant de choses à ajouter au corpus de mon livre !). Rose Matafeo était aussi devenue mon icône de style et je crois qu’à ce stade je pourrais l’écouter une heure lire l’annuaire téléphonique — si tant est qu’une telle chose existe toujours. Malheureusement j’ai bien l’impression que cette saison fermait tous les arcs narratifs. Rose, si tu reviens, j’annule tout.

Et je vous laisse avec cette case de Monica de Daniel Clowes devant laquelle on ne peut que crier “RELATABLE” :

Sur cette case de BD dessinée par Daniel Clowes, on voit une jeune femme sortir de l'eau en criant "WHAT THE FUCK IS GOING ON ?!"

Je vous souhaite un bon mois de décembre, de bonnes fêtes si vous fêtez les fêtes et de bonnes vacances si le salariat vous laisse souffler !

On se retrouve fin décembre ou début janvier selon la motivation !